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La Baie des Trésors propose parmi les meilleurs rhums de Martinique et seront au BRF 2023.



Le milieu du XIXème siècle marque un tournant en Martinique. La combinaison de la naissance de la vapeur comme force motrice, de l’abolition de l’esclavage et des premières crises du sucre antillais voit le modèle des habitations-sucreries traditionnelles remis en cause et fragilisé. C’est dans ce contexte politico-économique qu’Eugène Eustache, un jeune négociant de Saint-Pierre venu d’Anvers rachète l’habitation Galion en 1849.

Il va y faire construire une usine à vapeur moderne en 1863 et racheter entre 1858 et 1870 toutes les habitations en difficultés autour du Galion afin d’alimenter son usine en canne. C’est l’une des seules usines de Martinique qui sera uniquement alimentée par ses propres cannes, et c’est ainsi qu’il constitue peu à peu le noyau du futur domaine agricole du Galion.


Émile Bougenot est issu d’un milieu paysan aisé de la Côte d’Or. Il est tout juste diplômé de l’école des Arts et métiers quand il arrive en Martinique pour superviser le montage de l’usine du Lareinty puis de l’usine du Galion. Il s’installe en Martinique et épouse la fille d’Eugène Eustache. En parallèle, il s’associe avec Octave Hayot, un ingénieur agronome martiniquais avec qui il invente le modèle des usines centrales regroupant plusieurs planteurs. Ils construisent ainsi à leur compte toutes les usines qui ont connu leur apogée dans la dernière moitié du 19ème siècle.

En plus de ses qualités d’ingénieur, Bougenot se révèle être un fin gestionnaire d’usines et devient directeur de presque toutes les usines qu’il construit. Sur les 21 usines en activité à cette époque, il gère ou administre 16 d’entre elles. C’est ce qui va faire sa fortune et sa renommée. A la mort de son beau-père, Eugène Eustache, il reste propriétaire du Galion mais quitte définitivement la Martinique en 1892. Le domaine agricole et son usine seront dès lors dirigés par un administrateur martiniquais mais toujours gérés depuis la métropole par les différentes générations Bougenot.


Du temps d’Émile Bougenot, l’usine du Galion a commencé à produire du rhum ainsi que ce qui a fait sa particularité ; le réputé Grand Arôme du Galion, très recherché pour bonifier un rhum ordinaire et pour la pâtisserie. Ce produit unique au monde a souvent permis au Galion de traverser plus facilement les crises de surproduction rhumière qui suivirent la première guerre mondiale.

En effet, entre 1914 et 1918, les champs de batailles s’installent durablement dans les régions de culture de la betterave à sucre de l’Est et du Nord de la France, faisant bondir la demande en sucre antillais. Par ailleurs, depuis la fin du 19ème siècle, le phylloxéra a décimé près de 2 millions et demi d’hectares de vignes provoquant une chute de la production de vin et d’eaux de vie. En réponse, la demande en rhum explose à son tour et atteint des sommets jamais atteint auparavant. 14-18 fut donc une bonne période pour le sucre et une période extraordinaire pour le rhum.


Au cours de la période de récession qui a suivi la crise économique de 1929, le manque à gagner du Galion est conséquent. Le sucre est le premier responsable du recul, car de 1930 à 1939 son coût de production reste constamment supérieur à son prix de vente. Le Galion parvient tout de même à équilibrer son compte de fabrication grâce aux sirops. Malheureusement, les cours diminuent eux aussi entraînant des pertes en 1934 et 1935. Les résultats sont catastrophiques pour le sucre mais sont compensés par les profits réalisés sur la fabrication du rhum particulièrement du « Grand Arôme » pour lequel le Galion jouit d’un quasi-monopole.


En 1895 une grave sécheresse frappa la Martinique. À ce moment, au Galion, près de 300 ouvriers Indiens et leurs familles venus de Pondichéry ou de Chandernagor vivent et travaillent sur l’exploitation agricole. Ils invoquent la pluie et leurs dieux pendant plusieurs jours et bientôt, la pluie se met à tomber, marquant la fin de la sécheresse. En signe de reconnaissance, Émile Bougenot leur fait don d’une citerne située à l’entrée de la maison principale du Galion. C’est sur cette citerne que la communauté indienne du Galion a construit un temple. Il est encore à ce jour un lieu de réunion et de culte pour la communauté indienne.


Jusque dans les années 1960, l’exploitation agricole du Galion demeure quasi inchangée, conservant la structure des anciennes habitations et se contentant de moderniser son usine et ses techniques. Pendant ce temps, l’écosystème sucrier s’effondre. Les rendements en cannes chutent dangereusement, les usines sucrières ferment les unes après les autres.

En une vingtaine d’années, 1960-1979, la superficie récoltée passe de 13500 ha à 5500 ha, soit une diminution de 59 % et toutes les communes enregistrent ce retrait. Le recul s’explique tout d’abord par la concurrence d’autres spéculations, banane et ananas, dans les secteurs les plus arrosés les impératifs de la modernisation agricole conduisent les Usines à «contracter» leurs domaines sur les meilleurs secteurs.

A contre-courant du mouvement général, le Galion investi lourdement dans sa modernisation et les rendements en canne augmentent poussant les autorités à choisir l’usine du Galion pour créer une société d’économie mixte qui sauvera l’économie du sucre en Martinique.


Après d’âpres combats des ouvriers d’usines et des descendants Bougenot avec l’État, pour empêcher la fermeture de l’usine du Galion et la suppression de ses emplois, l’usine est choisie pour devenir le dernier centre sucrier de Martinique. En 1981, l’usine du Galion sort du centre agricole du Galion qui perd la partie industrielle de son identité avec la cession de son activité sucrière et rhumière. L’usine devient une Société d’économie mixte (SAEM) majoritairement détenue par la région. L’Exploitation Agricole du Galion devient alors exclusivement agricole.


À partir des années 1980, les communes du Robert et de la Trinité se développent considérablement. L’EAG va alors adopter une politique foncière courageuse pour accompagner ce développement et cède des surfaces importantes de ses terres pour la construction d’infrastructures et régularise la situation de près de 200 familles sur les terres de l’exploitation.


En 1993, l’Exploitation Agricole du Galion fait don de la totalité de son fonds photographique aux Archives départementales. Le fonds photographique est composé de près de 500 plaques de verre témoignant pour la plupart de l’histoire agricole et industrielle de la deuxième moitié du 19ème siècle et début du 20ème siècle en Martinique. Ce fonds est actuellement conservé aux archives départementales.


Ne cédant pas à l’appel du profit à tout prix, le Galion reste fidèle à son identité cannière et continue de livrer la sucrerie. Si quelques 300 hectares sont peu à peu convertis en bananes et en savanes à destination de l’élevage, le Galion reste le premier producteur de canne de l’île avec 500 hectares cultivés en propre et 250 hectares cultivés par des petits planteurs. Soit 20% du total des cannes de l’île.


En 2011, EAG lance un projet d’énergie solaire sur 1 hectare.

En 2015, EAG accueille Albioma à Fonds Galion. Cette usine valorise la bagasse pour créer 19% de l’électricité de l’île. Cette bagasse provient directement de l’usine à sucre et donc des champs de cannes de l’Exploitation Agricole du Galion.


L’exploitation Agricole du Galion se déploie sur 1600 hectares disposés en Arc de cercle autour de la Baie du Galion, depuis les limites de la réserve naturelle de la Caravelle à l’Est, jusqu’à Dufferet à l’Ouest, sur les berges de la rivière Galion. Depuis la Trinité au Nord, jusqu’au Robert au Sud. Sur ces terres agricoles aux reliefs variés composés essentiellement de mornes, le climat et les précipitations varient significativement.


L’Exploitation Agricole du Galion possède et cultive en propre 500 hectares de cannes à sucre. Elle gère, si l’on ajoute ses contrats de fermage avec des petits planteurs, près de 750 hectares, ce qui en fait le plus gros producteur de Martinique avec en moyenne 25 000 à 30 000 tonnes de cannes récoltées en direct chaque année, et entre 5000 à 10 000 tonnes récoltées par les petits planteurs, soit environ 20% de la production totale de l’île.


Et leurs rhums seront ainsi en dégustation les 10 et 11 juin prochains lors de notre salon.


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